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Journal de la littérature, des idées et des arts 30/04 – 13/05 2025

En attendant Nadeau

Pierre SERNA, La Révolution oubliée, Orléans, 1789-1820, CNRS-Editions, 436 p., 26 € Pierre SERNA et Philippe BERTHOLET éd., « La fermeté de mon caractère », Gibert de Lisle ou les pérégrinations politiques d’un notaire parisien, 1754-1837, Champ Vallon, 380 p., 26 €  Timothy TACKETT, Jours de gloire et de tristesse, Une histoire extraordinaire de la Révolution par un parisien bien ordinaire
« Réjouissances données par la ville de Paris aux Halles, le 21 janvier 1782, à l’occasion de la naissance du dauphin », Philibert Louis Debucourt (1782) © Musée Carnavalet/Histoire de Paris

Et ils vécurent la Révolution

Un notaire et un avocat parisiens témoignent de la Révolution telle qu’ils l’ont vécue. Un troisième ouvrage, consacré à Orléans, nous introduit au dix-neuvième siècle de Balzac. Une plongée réfléchie dans des archives qui donnent l’impression d’entrer dans l’Histoire.

Éditorial

La puissance des textes

« Que […] sur les ruines de ce qui aurait pu être, ils soient », écrit Pierre Michon pour achever ses Vies minuscules et les rendre possibles. Révélation du but et des moyens de l’écriture, rêverie ultime, ou première, de l’écrivain, cette phrase méditative contient le pouvoir absolu de ce qui s’écrit – pour dire le monde, le passé, situer les êtres, leur parole, leur regard, former les idées. Et ce numéro d’EaN propose des lectures qui sérient, incarnent ou déplacent cette puissance des textes pour aider à penser et à sentir le monde.

Sommaire

Katia Dansoko Touré
La solitude des notes bleues
par Catherine Mazauric
Annie Ferret et Sami Tchak
Profaner Ananda
par Guillaume Cingal
LECTURE DU JOUR
Mikhaïl Prichvine – Ginseng, la racine de vie, Pouchkine, Markowicz
« Le dernier tir de Pouchkine », Adrian Volkov (1869) © CC0/WikiCommons

Contrefeux

L’actualité politique ne doit pas oblitérer la beauté de la création et de la langue russes. Pour se convaincre d’un dynamisme qui contrevient au présent, il suffit de lire le magnifique dictionnaire d’André Markowicz et de se plonger dans l’œuvre de Mikhaïl Prichvine.
Etaf Rum, Mauvais oeil
Nazar boncuk, amulette qui protège du mauvais œil © CC-BY-4.0/Alan E/Flickr

Regards contre soi

On ne prête pas assez attention à la littérature d’expression anglaise de la diaspora palestinienne. Mauvais œil, d’Etaf Rum, en fait entendre un bel exemple et nous fait réfléchir à l’individualisation des traumatismes.
Marie NDiaye, Le bon Denis
Marie Ndiaye © Jean-Luc Bertini

Conter les origines

Dans Le bon Denis, Marie NDiaye admet une écriture qui touche à son existence. Elle réécrit, avec son habituelle inventivité et son audace, l’histoire d’un père qu’elle n’a pas connu. C’est un récit d’une grande justesse. 
Nara Vidal, Pur
« Soleil d’argent », Arthur Dove (1929) © CC-BY-3.0/Sailko/WikiCommons

Le conte du génocide

Pur, de l’écrivaine brésilienne Nara Vidal, affronte le racisme effarant qui ronge notre époque. Il s’invente dans ce récit polyphonique virtuose un dispositif narratif qui touche au nu de la vie et de la parole. Un livre qui fait froid dans le dos autant qu’il nous donne le courage de faire face.
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HOMMAGE
Angelo Rinaldi | Les Roses et les épines. Chroniques littéraires
« Composition », Albert Gleizes (1922) (Détail) © CC0/WikiCommons

Angelo Rinaldi : l’art de « trouver l’oiseau rare »

Angelo Rinaldi, virtuose critique littéraire, est mort ce 7 mai. Comment mieux rendre hommage à ce compagnon de route de Maurice Nadeau qu’en lisant son dernier recueil ? Foisonnant, érudit et savoureux.
Abstraite et plaisantine, Philippe Beck - Documentaires
« La Danseuse de corde », Henri de Toulouse-Lautrec (1938) (Détail) © CC0/WikiCommons

Poésie des liens

Lire Philippe Beck bouscule notre manière de concevoir la langue, la poésie, leur place dans l’existence. Abstraite et plaisantine et Documentaires semblent répondre au « monde comme il va » et aident à penser les liens que nous ne cessons d’imaginer. 
Adrienne Rich, Le rêve d’un langage commun, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Shira Abramovitch et  Lénaïg Cariou, Edition bilingue, L’Arche editeur,  176 p., 19 €   Adrienne Rich, Le sens de notre amour pour les femmes,
Adrienne Rich et Susan Sherman (1983) © CC BY-SA 4.0/Colleen McKay/WikiCommons

« Quasiment comme le Messie »

On connait fort peu les textes politiques et poétiques d’Adrienne Rich, alors qu’elle était célébrée aux États-Unis. Deux livres nous font découvrir son œuvre, ses engagements et son désir d’un «langage commun » qui crée « un lien nouveau ».
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Déborah V. Brosteaux, Les Désirs guerriers de la Modernité
La guerre civile en Espagne. Groupe d’enfants devant une maison en ruines (1937) © Gallica/BnF

Pourquoi la guerre est-elle encore si jolie ? 

Il semble urgent de saisir le visage agressif et guerrier de la modernité, d’en comprendre l’ambivalence fondamentale. Comme pour répondre à cette urgence de penser, l’essai original de la philosophe Déborah V. Brosteaux semble une lecture roborative.

En bref

Les écritures constituent autant de mystères que les poèmes d’Anne Parian, Jacques Darras, les proses de Silvina Ocampo, l’anthologie de Jean-Yves Reuzeau et l’essai de Belinda Cannone nous aident à percer un peu.

Le malentendu Kiefer

L’essai de Michaël de Saint-Chéron sur Anselm Kiefer entretient un malentendu devenu central dans l’accueil qu’on lui fait. Tout à son admiration, il semble ne pas voir que l’artiste mime la profondeur davantage qu’il ne la traduit.